Tisanes, décoctions, teintures, macérations… La plupart du temps, ces méthodes et recettes sont héritées de pratiques anciennes. En version optimiste, il s’agit de savoirs validés par l’usage. Mais on peut aussi penser que de tels héritages, souvent assez imprécis, reflètent des croyances, des contraintes et des limitations qui ne sont plus forcément les nôtres. J’essayerai donc de justifier ou au moins de commenter les modes opératoires présentés ici. Lorsque ces méthodes générales doivent être modifiées, je le mentionnerai directement sur la page de la plante concernée.
Infusions
Mettre la plante coupée en petits morceaux dans un bol ou dans un pot ; verser de l’eau bouillante ; couvrir, laisser reposer 10 minutes puis filtrer le liquide à travers une passoire. Conservation : une journée maximum à température ambiante (récipient couvert), env. deux jours au frigo.
Décoctions
Mettre la plante coupée en petits morceaux dans une casserole ; ajouter de l’eau froide et chauffer jusqu’à ébullition ; faire bouillir 15 minutes puis filtrer le liquide à travers une passoire. Conservation : une journée maximum (deux à trois jours au réfrigérateur).
Macérations dans de l’eau
Mettre la plante coupée en petits morceaux dans un bol ou dans un pot ; ajouter de l’eau froide, fermer par un couvercle et laisser reposer une nuit. Filtrer ensuite le liquide à travers une passoire. Conservation : une journée maximum (deux à trois jours au réfrigérateur).
Macérations dans de l’huile
Choisir une huile résistante au rancissement (éviter les huiles contenant beaucoup d’acides gras insaturées comme bourrache, noix, lin, carthame, etc.). L’huile d’olive est souvent utilisée mais arachide, sésame, argan, nigelle, noisette, amande, avocat conviennent très bien. Une fois terminée, si vous souhaitez transformer votre macération huileuse en baume ajoutez-y 5 à 15% (du plus mou au plus dur, selon consistance désirée) de cire d’abeille en flocons, chauffer au bain-marie en remuant jusqu’à dissolution de la cire. Ajouter éventuellement des huiles essentielles puis verser dans de petits pots. Fermer et faite refroidir au frigo. Pour une longue conservation (stock), garder au congélateur, sinon au frigo.
Utilisation de plantes sèches:
Mettre la plante grossièrement broyée dans un pot (sans tasser) et couvrir d’huile, fermer par un couvercle et laisser reposer à l’obscurité 2 à 3 semaines en remuant occasionnellement (sans ouvrir le pot, inverser plusieurs fois). Filtrer ensuite le liquide à travers une passoire fine (ou une chaussette pour pouvoir presser et exprimer un maximum d’huile). Ajouter éventuellement une huile essentielle pour améliorer la conservation (romarin p.ex.). Répartir en petits pots opaques et bien fermés. Étiqueter (au minimum: composition + date ).
Conservation : au frigo, au moins 6 mois avant ouverture (après ouverture, consommer dans les 3 semaines en évitant d’y mettre les doigts…).
Utilisation de plantes fraîches:
Le problème ici est l’eau contenue dans les plantes fraîches qui va augmenter le risque de développement bactérien ou fongique, ainsi que la vitesse de rancissement des acides gras insaturés. On ajoutera donc un desséchant durant cette macération, en l’occurrence du gros sel préalablement chauffé dans une casserole ouverte jusqu’à pétillement puis refroidi.
Les plantes fraîche (mais pas mouillées!) seront grossièrement hachées puis placées dans un pot sans tasser. Ajouter environ un dixième de leur volume de gros sel bien sec puis couvrir d’huile et remuer à l’aide d’une baguette. Fermer le pot et laisser macérer comme dans le cas des plantes sèches.
Teintures
Mettre le matériel coupé en petits morceaux ou pulvérisé dans un bocal ou une bouteille en verre (de préférence teinté) ; couvrir avec un alcool fort (eau-de-vie à 45° pour une plante sèche ; alcool non dénaturé à 60° ou plus dans le cas d’une plante fraîche) ; bien fermer et laisser reposer au moins deux semaines à l’obscurité, en remuant occasionnellement ; filtrer et garder le liquide dans un flacon de verre teinté bien fermé, au frais. Étiqueter soigneusement (plante, date de fabrication). Conservation : 1 à 2 ans.
Hydrolats et huiles essentielles
Préparation un peu plus technique! Les plantes sont placées dans un alambic : cet appareil permet de faire passer de la vapeur d’eau sur les plantes. Il en résulte un mélange de vapeur et des composés volatiles de la plante. En refroidissant cette vapeur « chargée » se condense et se sépare en deux liquides bien distincts: une « eau florale » ou hydrolat en bas, surmonté d’une couche (beaucoup moins abondante) d’huile essentielle.
Attention: les huiles essentielles sont des produits concentrés très actifs qui ne sont pas sans dangers… Elles sont, par ailleurs, aussi inflammables que du pétrole!