Sureau
Notre sureau médicinal (Sambucus nigra) fait partie de la petite famille des Adoxacées (qui comprend aussi les viornes). Il s’agit d’un arbre de petite taille aux grandes feuilles opposées, composées de cinq à sept folioles. Froissées, ses feuilles dégagent une odeur plutôt nauséabonde… mais très caractéristique! Par contre, ses petites fleurs d’un blanc légèrement jaunâtre, groupées en ombelles (pardon, “corymbes”) dégagent un délicieux parfum dès le mois de mai.
Elles donneront plus tard des fruits en petites billes d’un noir luisant, qui pendent vers le sol (si elles sont, au contraire, érigées, attention: ce n’est peut-être pas Sambucus nigra !) Les tiges de l’arbuste sont creuses, remplie d’une dense moelle blanche qui disparaît rapidement lorsque la branche sèche, laissant un véritable hôtel à insectes.
Le sureau noir fait partie des pharmacopées traditionnelles, au moins dès l’Antiquité et y compris pour la médecine ayurvédique (Inde).
Au Ier siècle de notre ère, Pline l’Ancien le recommandait contre les catarrhes et les excès de mucus, tout comme le médecin grec Galien au IIe siècle.
En Amérique du Nord : mêmes propriétés attribuées au sureau blanc (Sambucus canadensis, dont la composition est semblable à celle de son cousin européen).
L’écorce interne du sureau a été souvent vantée comme diurétique.
En 1986, la Commission E, un organisme gouvernemental allemand, approuvait l’usage médicinal des fleurs de sureau pour le traitement du rhume. En 1999, l’organisation mondiale de la santé a reconnu les usages traditionnels des fleurs de sureau comme diaphorétique (qui provoque la sudation) et expectorant.
En 1995, un essai clinique en double insu contre placebo, mené dans un kibboutz israélien lors d’une épidémie de grippe, a conclu qu’un extrait de baies de sureau était nettement supérieur au placebo pour soulager les symptômes de la grippe : en deux jours, 93,3 % des sujets traités au sureau voyaient déjà un soulagement significatif de leurs symptômes, tandis qu’il a fallu six jours pour que 91,7 % des personnes sous placebo éprouvent une amélioration similaire.
Plusieurs essais cliniques de bonne qualité indiquent clairement l’intérêt des baies de sureau pour accélérer la guérison en cas de “refroidissement” / “états grippaux”. Finalement, une analyse globale (méta-analyse) australienne datée de 2020 et centrée sur les infections respiratoire d’origine virale (hors covid), conclut elle aussi à l’intérêt des baies de sureau et à leur absence de danger (utilisées en sirop, extrait ou baies séchées).
L’usage des feuilles, racines et de l’écorce de sureau est déconseillé car ce sont des organes riches en composés cyanogéniques et en acide oxalique.
Références:
1. Ulbricht, Catherine, et al. “An evidence-based systematic review of elderberry and elderflower (Sambucus nigra) by the Natural Standard Research Collaboration.” Journal of dietary supplements 11.1 (2014): 80-120.
2. Hawkins, Jessie, et al. “Black elderberry (Sambucus nigra) supplementation effectively treats upper respiratory symptoms: A meta-analysis of randomized, controlled clinical trials.” Complementary therapies in medicine 42 (2019): 361-365.
3. Tiralongo, Evelin, Shirley S. Wee, and Rodney A. Lea. “Elderberry supplementation reduces cold duration and symptoms in air-travellers: A randomized, double-blind placebo-controlled clinical trial.” Nutrients 8.4 (2016): 182.
4. Harnett, Joanna, et al. “The effects of Sambucus nigra berry on acute respiratory viral infections: A rapid review of clinical studies.” Advances in integrative medicine 7.4 (2020): 240-246.
5. Zakay-Rones, Zichria, et al. “Inhibition of several strains of influenza virus in vitro and reduction of symptoms by an elderberry extract (Sambucus nigra L.) during an outbreak of influenza B Panama.” The Journal of Alternative and Complementary Medicine 1.4 (1995): 361-369.
Toxicité du sureau: la fleur du sureau semble pratiquement dénué de toxicité, alors que ses baies peuvent présenter une légère toxicité lorsqu’elles sont consommées crues (surtout si elles sont immatures). Cette toxicité provient de composés dits “cyanogéniques”, c’est-à-dire capable de former des cyanures et se trouve principalement dans les graines contenues dans les baies. Cette légère dangerosité disparaît au séchage et à la cuisson (on peut sans autre préparer des confitures et gelées de baies de sureau).
Traitement (en cas de signes d’états grippaux): prendre 2 à 3 cuillères à soupe de sirop de baies de sureau, 3 fois par jour, jusqu’à 4 jours de suite. Un traitement complet nécessite donc entre 2 et 2.5 dl de sirop en tout. Remarque: cette posologie est destinée à un adulte.
Recette du sirop de baies de sureau :
1. Égrapper un bon kilo de fruits de sureau (très facile si l’on congèle les grappes avant de les battre légèrement dans un sac).
2. Dans une casserole, ajouter 3 dl d’eau aux baies et porter à ébullition puis laisser hors du feu au moins 15 minutes (on peut aussi utiliser une marmite à pression: monter au deuxième repère, laisser 2 min hors du feu puis refroidir la marmite sous un filet d’eau).
3. Filtrer sur une grande passoire équipée d’une toile fine en récupérant le liquide dans une grande casserole.
4. Ajouter 300 g de sucre et le jus d’un citron, porter à ébullition en remuant et cuire 10 minutes.
On obtient environ 1/2 litre de sirop, à verser bouillant dans des flacons en verre préalablement stérilisés au four (100°C, 15 minutes). Remplir à raz bord, fermer immédiatement. Utiliser de préférence des flacons de 2.5 dl (correspondant chacun à un traitement complet).
Conservation: au moins 6 mois (à l’abri de la lumière, flacons entamés: au frigo, consommation rapide).