Achillée millefeuille
Jeunes feuilles d’achillée
“Fleur” d’achillée: un assemblage de capitules formant des corymbes applatis
Achillée: détail des capitules
Plante très courante de la flore de l’hémisphère Nord, l’achillée millefeuille fait partie des astéracées. Souvent considérée comme “mauvaise herbe” dans les jardins du fait de son caractère assez invasif. Ses capitules de fleurs portées par de fortes tiges de 20 à 80cm sont généralement blanches, mais parfois plus ou moins rosées. Ses feuilles très finement découpées l’ont parfois fait surnommer “sourcils de Vénus”. L’achillée produit un fort système racinaire qui lui permet de très bien résister aux conditions sèches et fortement ensoleillées; elle tolère par contre assez mal les situations ombreuses et humides. Froissées, ses fleurs dégagent un parfum qui rappelle celui de la camomille, avec des notes camphrées.
D’autres achillées (par exemple montagnardes ou ornementales) bien que sans danger ne présentent pas forcément les mêmes propriétés: ne récoltez que des achillées d’au moins 30 cm de haut portant des fleurs blanches et pourvues de feuilles très finement divisées (presque filiformes).
L’achillée millefeuille est une plante comestible (jeunes feuilles). Son usage est attesté depuis la plus haute antiquité, avant tout comme vulnéraire (traitement des blessures). Ses activités hémostatiques, désinfectantes, anti-inflammatoires, analgésiques et cicatrisantes sont mises en avant dans de nombreux textes classiques. L’achillée millefeuille est très souvent citée en usage externe pour le traitement des hémorroïdes. Enfin, de nombreux textes citent la tisane d’achillée comme l’un des meilleurs remèdes contre les règles douloureuses.
Généralités: L’achillée millefeuille est considérée comme sûre du point de vue toxicologique; elle peut toutefois (comme tous les végétaux) occasionner des réactions allergiques ou des intolérances digestives. Si vous soupçonnez ce genre de réaction, n’insistez pas!
Règles douloureuses (dysménorrhée, syndrome prémenstruel) : une méta-analyse récente (2024) portant sur six études cliniques de bonne qualité conclu à l’efficacité de l’achillée millefeuille dans le traitement des dysménorrhées. Voir l’article.
Sclérose en plaques : plusieurs études in vitro et chez le rat avaient indiqué l’intérêt possible de l’achillée millefeuille dans la problématique de la sclérose en plaque. En 2018, les résultats d’une première étude clinique (randomisée, en triple aveugle et contre placebo; 75 patients) portant sur l’intérêt d’une complémentation de la prise en charge classique par des prises d’extraits aqueux d’achillée ont été publiés (ici). Les résultats après une année de traitement semblent bien démontrer les effets positifs de ce traitement complémentaire ainsi que son innocuité. Deux groupes de doses ont été utilisés: 250 et 500mg d’extrait aqueux représentant respectivement 2 et 4 g de sommités fleuries d’A. millefolium sèches.
Du fait de la très faible dangerosité de l’achillée millefeuille et des bons résultats rapportés par des études cliniques récentes (voir ci-dessus), il semble intéressant de l’essayer, tant en cas de règles douloureuses que dans le contexte de la sclérose en plaque.
Comme la plupart de ces études ont été réalisées avec des extraits aqueux, on pourrait calculer l’équivalent en tisane, mais le goût des fleurs d’achillée est assez désagréable et on a pas toujours le temps (ou l’envie) de préparer des tisanes… je propose donc d’essayer cette plante sous forme de gélules de poudre de sommités fleuries. On compte ainsi sur le système digestif pour extraire les composants de la plante (ce qui se rapproche de pratiques courantes en médecines traditionnelles asiatiques).
Préparation des gélules d’achillée: laver soigneusement les fleurs d’achillée juste après récolte et les essorer (panier à salade, centrifugeuse ou linges absorbants). Sécher sur papier-journal (en couche mince) ou en bouquets suspendus (multiples petits bouquets) dans une pièce sèche et bien aérée, à l’abri du soleil direct. Pulvériser les fleurs très sèches à l’aide d’un moulin à café et tamiser cette poudre à travers une passoire. Remplir des gélules (gélatine ou cellulose, type “00”) en tassant autant que possible la poudre au moyen d’un fine baguette: chaque gélule contiendra ainsi env. 350-400mg d’achillée.
Dosage:
1. pour le traitement des règles douloureuses, commencer par 1 à 2 gélules toute les 8 heures, à avaler avec un grand verre d’eau. Il semble avantageux de commencer ce traitement un ou deux jours avant l’arrivée des règles mais il peut être employé dès que l’on ressent les douleurs en question. Pour autant que l’achillée soit bien supportée, les doses peuvent sans problème être augmentées au besoin. Ce traitement pourrait être complété par l’usage d’une bouillotte placée sur le ventre (traitement lui-aussi bien démontré cliniquement).
2. pour le traitement complémentaire de la sclérose en plaque, l’étude clinique citée plus haut rapporte des effets positifs pour des doses équivalentes à 2 ou 4 grammes de plante sèche par jour. On pourra donc commencer par prendre deux gélules avant chaque repas (soit 6 gélules par jour représentant env. 2g de plante sèche). En l’absence d’effets indésirables, il semble souhaitable de doubler cette dose car l’étude montre que certains marqueurs s’améliorent encore en passant de 2 à 4g d’équivalent plante sèche. Rappelez-vous qu’il s’agit d’une mesure à long terme: le bilan de l’étude en question a été réalisé après une année entière de traitement.
Précautions:
- Bien que difficile à confondre, assurez-vous de la bonne identification de la plante (aidez-vous d’une flore ou consultez un(e) spécialiste ou utilisez une application dédiée telle que “Flora Incognita”, “PlantNet”, etc.
- Dans le contexte de la sclérose en plaque, il est évident que le traitement complémentaire décrit ici devrait faire l’objet d’une discussion préalable avec les thérapeutes impliqué(e)s dans le traitement primaire de la maladie.
- Bien qu’il s’agisse d’une plante comestible réputée sans danger, l’achillée (à hautes doses) pourrait stimuler les contractions de l’utérus. A ce titre, sa consommation est déconseillée aux femmes enceintes.